Divorce : quel est le bon moment pour lancer la procédure ?
Le divorce, c’est un peu comme une partie d’échecs : chaque coup compte, et le moment où vous décidez d’avancer votre pièce peut changer toute la partie.
Mais contrairement aux échecs, il ne s’agit pas de gagner ou de perdre… plutôt d’anticiper et de protéger vos intérêts — qu’ils soient familiaux, patrimoniaux ou émotionnels.
Alors, quand est-il judicieux de lancer une procédure de divorce ?
Voyons comment le bon moment dépend souvent de votre situation… et parfois du “camp” dans lequel vous vous trouvez.
1. Le bon moment n’est pas toujours celui du cœur
Il y a la décision affective (“je ne veux plus continuer”) et la décision juridique (“je lance la procédure”).
Entre les deux, il y a parfois un monde.
Dans bien des cas, attendre un peu ou agir vite peut avoir des conséquences financières considérables.
➡️ Exemple :
Si votre conjoint vient de perdre son emploi, lancer immédiatement la procédure risque de réduire votre pension alimentaire ou votre prestation compensatoire.
Le juge évalue les ressources au moment du divorce : un revenu temporairement bas… et c’est une pension amoindrie, voire inexistante.
2. Si vous risquez de demander une prestation compensatoire
Anticipez, ne tardez pas.
La prestation compensatoire vise à compenser la différence de niveau de vie entre les époux après le divorce.
Elle dépend donc des revenus et du patrimoine de chacun au moment de la procédure.
Si votre conjoint approche de la retraite ou risque de perdre son activité (licenciement, reconversion), c’est le moment ou jamais d’agir.
Car une fois les revenus diminués, la prestation est mécaniquement plus faible.
3. Si vous êtes celui qui risque de devoir payer
Le raisonnement s’inverse.
Si vous savez qu’un changement de situation va réduire vos revenus — retraite, perte d’emploi, baisse d’activité — attendre peut être stratégiquement plus prudent.
Le juge ne regarde pas uniquement les revenus “habituels”, mais ceux constatés au moment de la procédure.
⚖️ Exemple concret :Pour un dirigeant d’entreprise, il vaut mieux se séparer pendant une période professionnellement difficile que lorsque les affaires prospèrent.
Mais attention : différer le divorce uniquement “pour le calcul” comporte aussi des risques (un juge pourrait considérer que l’insolvabilité est organisée dans la perspective du divorce).
Une séparation prolongée entretient les tensions et peut aggraver la situation émotionnelle ou familiale.
4. Quand les enfants sont encore à la maison
Parfois, le bon moment se joue aussi autour de la vie familiale.
Certains choisissent d’attendre que les enfants aient un âge compatible avec une résidence alternée, où aient terminés leurs études.
D’autres préfèrent agir avant, pour clarifier la résidence des enfants avant la rentrée suivante.
Le juge des affaires familiales tient compte du confort des enfants : stabilité, rythme scolaire, distance géographique entre les domiciles…
Un divorce mal synchronisé peut donc perturber les enfants, mais aussi compliquer les décisions de résidence.
Conseil d’avocat : préparez la procédure en amont, sans la lancer immédiatement afin d’optimiser votre dossier en fonction de votre cahier des charges.
5. Et sur le plan patrimonial ?
Le moment du divorce fixe aussi le périmètre des biens à partager.
Si vous êtes marié sous le régime de la communauté, tous les biens acquis avant la dissolution tombent dans la masse commune.
Traduction concrète :
Acheter un bien immobilier ou toucher un bonus avant le divorce = bien commun.
Après le divorce (ou après la date d’effets du divorce) = bien personnel.
Savoir quand lancer la procédure, c’est donc aussi savoir quand séparer juridiquement vos patrimoines.
6. Le facteur humain : ne pas tout calculer non plus
La stratégie a ses limites.
Attendre “le bon moment” ne doit pas signifier “subir plus longtemps une situation difficile”.
Un divorce est aussi un dossier humain, pas seulement financier.
Parfois, le bon moment, c’est simplement celui où l’on est prêt.
Prêt à dialoguer, à négocier, à tourner la page sans précipitation mais sans rancune.
Et c’est aussi le rôle de l’avocat : trouver l’équilibre entre stratégie et sérénité.
Conclusion
Lancer une procédure de divorce, c’est avant tout un choix de timing et de lucidité.
Agir trop tôt ou trop tard peut influencer les pensions, la prestation compensatoire, le partage des biens, voire la stabilité familiale.
Le meilleur moment ?
Celui où l’émotion s’apaise assez pour laisser place à une réflexion posée, accompagnée par un professionnel qui connaît aussi bien la loi que la vie.
Maître Gilles Busquet – Avocat en divorce à Lyon
Expert des stratégies patrimoniales et familiales.
Contactez le cabinet pour un diagnostic confidentiel avant toute démarche.